La recherche et le but final des êtres engagés dans la pratique du Yoga, quelle que soit la période dans laquelle ils se trouvent, consistent à sortir de l’indigence spirituelle. La tradition regorge d’exemples vivants, récents ou non, de yogin et de yoginî prouvant la possibilité de se transformer par l’emploi des techniques du yoga et la maturation de son enseignement. Citons quelques grandes figures du passé comme Râmakrishna et son disciple Vivekânanda, Ramana Maharshi, Sri Aurobindo et la Mère, Ânanda mayî mâ ou plus récemment celle qu’on appelle Guru Mayî et Âmritânandamayî plus souvent désignée par le terme Amma, pour nous remémorer que la quête spirituelle n’est pas un vain mot.
Issus souvent d’une longue lignée dans le creuset de laquelle ils ont été forgés, ces maîtres nous montrent les bases d’un chemin intérieur de croissance.
Sans vouloir les imiter ou se laisser impressionner par eux, nous pouvons constater qu’ils se sont tous adonnés à des efforts de purification, d’une manière ou d’une autre, combinés avec une ouverture à la grâce.
Par ailleurs, nous savons que ces efforts ne signifient pas forcément l’atteinte de la compréhension éclairée. Néanmoins, nous déduisons que nous ne pouvons pas rester les bras croisés dans une position expectative seulement.
Des documents relatant leur vie balisent des étapes qui, certes, leur appartiennent, mais dont nous pouvons nous inspirer pour grandir.
A l’écoute des enseignants, sous forme d’échange et de partage avec les condisciples, il nous est possible de discuter les textes, de verbaliser les expériences intérieures que nous vivons, dans le seul but d’avancer et d’éclairer notre parcours.
Les efforts consentis et les heures consacrées à la pratique pour nous purifier, donnent un appui sur lequel échafauder d’autres pas plus subtils.
Ce que prônent les voies de yoga dans leur formulation des observances et attitudes (yama et niyama) consiste à s’élancer vers l’intégration de vertus, non pas en tant que simples indications ou codes de comportements, mais comme réelles forces enthousiastes de vie.
Dès lors, que déduisons-nous ? Nous constatons qu’aux yeux du chercheur en Yoga, la capacité à refléter l’immanent, le transcendant, l’unité de chaque élément au sein de la multiplicité, est sa cible.
Le long travail d’écoute intérieur (nâda anusandhânam) et d’affinement de sa vigilance par les techniques du yoga conduit au cœur d’une indicible et dense présence à l’instant.
La capacité de refléter, de laisser suinter la dimension vaste de l’immensité, que nous appelons parfois aussi offrande à la présence, est le résultat de la concentration et de la méditation au sens le plus noble et en tant que travail profond. L’objectif consiste à offrir son attention dans un mouvement total de son être à l’instant présent.
Il nous est certes plus facile de lancer des opinions ou d’émettre des commentaires que de nous consacrer à la vénération de l’instant présent.
Lorsqu’à l’unisson avec une gracieuse nature environnante, nous découvrons la capacité de laisser rayonner, par un lâcher prise, la beauté enjouée de notre cœur, nous palpons un tremplin qui, bien que fragile, nous permet de rebondir en de nouvelles circonstances pour laisser chaque cellule exprimer son sourire.
A cette seule condition de laisser s’échapper dans l’atmosphère le sourire empli de tendresse de nos cellules, nous pourrons vivre un continuum de l’expérience spirituelle, pour la plus grande joie de tous.
Malek DAOUK